STÉPHANE BERGERON

Député de Montarville

BOTTIN DES ORGANISMES

Voici la troisième mouture du Bottin des organismes de la circonscription fédérale de Montarville, qui regroupe l’ensemble des organismes et services qui sont à la disposition de la population, tant au quotidien que pour une situation d’urgence. Encore une fois, les membres de mon équipe et moi-même avons fait l’impossible pour n’oublier aucune ressource. Si d’aventure, vous deviez découvrir qu’un organisme ou un service n’y apparaît pas, nous vous prions de nous en informer sans délai.

Bienvenue sur le site Internet de Stéphane Bergeron, député de Montarville!


À titre de député fédéral de Montarville depuis le 21 octobre 2019, je vous souhaite la bienvenue sur mon site Internet.

Vous y trouverez une foule d’informations sur moi et sur mon travail, tant dans la circonscription de Montarville, qu’à la Chambre des communes.

Je vous invite à consulter les différentes rubriques et d’entrer en communication, au besoin, avec mon bureau, soit par courriel à [email protected] ou par téléphone au 450 922-BLOC (2562).

Bonne visite!

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À propos de Stéphane Bergeron

Avant 1993
Né à Montréal, le 28 janvier 1965, Stéphane Bergeron est détenteur d’un baccalauréat spécialisé en sciences politiques, profil relations internationales, de l’Université du Québec à Montréal, ainsi que d’une maîtrise en science politique, spécialisée en relations internationales, de l’Université Laval, en plus d’avoir été boursier de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant. Attaché politique et conseiller parlementaire du député de Bertrand à l’Assemblée nationale du Québec, de 1990 à 1993, il est l’un des membres fondateurs du Bloc Québécois, notamment dans la circonscription de Verchères.
Avant 1993
À partir de 1993

Député de Verchères, puis de Verchères—Les Patriotes à la Chambre des communes

Il est élu pour la première fois à la Chambre des communes en 1993, puis réélu en 1997, 2000 et 2004. À la Chambre des communes, il a occupé diverses fonctions, dont celles de whip en chef du Bloc québécois, de vice-président du Comité permanent des affaires étrangères et du commerce international, et de porte-parole du Bloc Québécois en matière d'affaires étrangères, d’affaires intergouvernementales canadiennes, d’industrie, sciences et technologie, de commerce international et d'institutions financières internationales.
À partir de 1993
À partir de 2005

Député de Verchères à l'Assemblée nationale

En 2005, il est élu député de Verchères à l’Assemblée nationale du Québec, puis réélu en 2007, 2008, 2012 et 2014. Il y a occupé de nombreuses fonctions, dont celles de ministre de la Sécurité publique, de whip en chef et de leader parlementaire adjoint de l’opposition officielle, de vice-président de la Commissions de l’économie et du travail et de la Commission des institutions, ainsi que de porte-parole du Parti Québécois en matière d’environnement, de faune et de parcs, de famille, de transports, d’affaires municipales, de sécurité publique, d’éthique, d’affaires intergouvernementales et de relations internationales.
À partir de 2005
À partir de 2018

Député de Montarville à la Chambre des communes

En 2018, il devient secrétaire général du Collège de Rimouski, et ce, jusqu’à son retour à la Chambre des communes, à titre de député de Montarville. Il est porte-parole du Bloc Québécois en matière d’affaires étrangères ainsi que porte-parole en matière d’affaires intergouvernementales. Il est également vice-président du Comité spécial sur les relations sino-canadiennes et vice-président du Comité permanent des affaires étrangères et développement international. Depuis 2021, il est aussi membre du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement. Il est Chevalier de l’Ordre de la Pléiade. Il a été réélu lors des élections de 2021, avec une forte avance, et représente toujours la circonscription de Montarville.
À partir de 2018

Stéphane Bergeron, un député présent dans sa circonscription!

Communications émises par Stéphane Bergeron

  • Aucun communiqué de presse n’a été émis
  • Aucun communiqué de presse n’a été émis

Opinions

Le complot contre l’Amérique

Janvier 2021

Aux petites heures du 24 juin 1996, une foule de quelque 2000 personnes en mal de sensations fortes, après le spectacles donné sur les Plaines d’Abraham pour la Fête nationale, ont convergé vers l’Assemblée nationale et y ont fait du grabuge; fenêtres brisées, statue déboulonnée, début d’incendie. Le service de sécurité du Parlement — qui, contrairement à celui du Capitole, le 6 janvier dernier, n’avait rien vu venir — avait rapidement été débordé. Fort heureusement, les forces de l’ordre avaient pu reprendre rapidement le contrôle de la situation et disperser cette foule bigarrées, probablement composée d’une part importante de gens fortement intoxiqués par l’alcool et, peut-être, de quelques casseurs du dimanche.

Dans les jours suivants, dans les pages du Journal La Relève, j’avais signé une chronique intitulée «L’incendie du Reichstag», dans laquelle je rappelais le sinistre ayant dévasté le siège du Parlement allemand, en février 1933. Aujourd’hui, nous savons que cette catastrophe avait été orchestrée par les dirigeants du gouvernement nazi, qui n’avaient cure des
institutions démocratiques du pays et qui voulaient profiter de leur larcin pour accroître leur contrôle sur les leviers étatiques, briser l’opposition et restreindre les droits et libertés de la population. J’établissais ce parallèle pour le moins douteux simplement pour signifier que le fait de s’en prendre à un Parlement, qui est l’incarnation même de la démocratie, constitue un geste symbolique extrêmement lourd de sens.

Imaginez donc mon émoi, le 6 janvier, lorsque j’ai vu cette foule vociférante, répondre littéralement à l’appel lancé en ce sens par le
président sortant et sa suite, et faire irruption dans le Capitole. C’était la première fois, depuis que le bâtiment avait été incendié par les Britanniques, en 1814, que le siège de la démocratie américaine était violemment investi…

Peut-être certains d’entre vous ont-ils eu l’occasion de lire l’excellent roman de Philip Roth, «Le complot contre l’Amérique», une
uchronie autobiographique, dans laquelle l’auteur raconte son enfance tourmentée, à titre de membre de la communauté juive du New Jersey, dans des États-Unis dirigés, depuis 1940, non plus par Franklin Delano Roosevelt, mais
par le héros de l’aviation Charles Lindbergh, dont les affinités avec le régime hitlérien sont à peine voilées. Cette oeuvre extrêmement dérangeante, publiée en 2004, a récemment été portée à l’écran dans une série diffusée sur les ondes
du réseau Crave. Je ne puis m’empêcher de penser qu’au moment de son décès, en 2018, Philip Roth a dû s’interroger sur le caractère étrangement prophétique de son roman, dont l’intrigue se déroulait pourtant plusieurs décennies plus tôt…

Ce qu’il y a de troublant, dans les analogies que suggère ce qui précède, c’est qu’Adolph Hitler a été élu de façon démocratique, en Allemagne, quelques années après avoir dirigé une insurrection pour tenter de prendre le pouvoir par la force en Bavière (il faut cependant préciser que la démocratie peinait alors à s’imposer dans ce pays depuis environ une décennie)… Aussi, le fait qu’un président élu, mais faisant peu de cas de la longue tradition démocratique de son pays, tente un dernier coup de force pour essayer de se maintenir au pouvoir, malgré la volonté populaire, a vraiment quelque chose d’extrêmement préoccupant pour l’avenir… Le véritable complot contre l’Amérique n’est peut-être pas, finalement, celui qu’avait d’abord
imaginé le regretté Philip Roth…

P.S. Depuis quelques jours, plusieurs personnes ont également établi un parallèle entre les événements survenus le 6 janvier dernier au Capitole et l’incendie du Parlement de Montréal, le 25 avril 1849, à la suite de l’adoption de la loi prévoyant l’indemnisation des personnes ayant
subi des pertes matérielles lors des rébellions de 1837-1838. Quoique ce parallèle soit également douteux, dans la mesure où il est hautement hasardeux de comparer des événements survenus à des époques et dans des circonstances très différentes, je crois qu’il convient aussi de souligner que, dans cet autre cas, le fait de s’en prendre à un Parlement constituait un geste d’une portée symbolique extrêmement lourde de sens. Fort heureusement, la majorité des
parlementaires du Canada-Uni de l’époque — y compris les anglophones — de même que le Parlement britannique, ont soutenu la mesure législative, qui a donc pu être mise en oeuvre. Cela dit, ce geste politique extrêmement grave n’a pas été sans conséquence, puisqu’il a conduit au déplacement de la capitale vers Toronto, qui ne comptait alors, à toutes fins utiles, aucune communauté francophone…

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La fête au temps du coronavirus – Prise deux

Déccembre 2020

À l’approche de la Fête nationale, en juin dernier, alors
que nous sortions à peine du confinement et que nous entretenions encore
l’espoir que cette pandémie finisse par s’estomper peu à peu, j’avais intitulé
ma chronique trimestrielle, paraphrasant un chef-d’œuvre de la littérature
brillamment porté à l’écran, «La fête au temps du coronavirus»… Rien ne
laissait alors présager que la deuxième vague serait tout aussi impitoyable que
la première, ni même qu’il y aurait une deuxième vague.

À Noël, nous disions-nous, les mesures de distanciation
sociale, ainsi que l’imposition généralisée du port du masque, auraient tôt
fait de circonscrire la pandémie, à laquelle l’arrivée imminente d’un vaccin et
l’apparition de cures toujours plus efficaces asséneraient assurément le coup
de grâce… Comme on l’a vu, ça ne s’est pas tout à fait passé comme nous l’espérions,
malheureusement… Dès lors, des restrictions plus sévères encore ont été
décrétées pour les Fêtes de Noël et du Nouvel An, à telle enseigne qu’il nous
faut, une nouvelle fois, nous interroger sur les façons de célébrer, en dépit
des contraintes découlant de la pandémie, ce qui explique que j’aie décidé de
recycler le titre de la chronique publiée à l’occasion de la Fête nationale.

Car, cette fois encore, les festivités prendront une
tournure bien différente, mais ce n’est certes pas une raison pour ne pas
festoyer comme il se doit, car, quoiqu’il arrive, la période des Fêtes
constitue le prétexte idéal pour célébrer et s’offrir de petites attentions,
mais aussi pour marquer un temps d’arrêt salutaire propice à la quiétude et la
sérénité. Or, cette année, ce temps d’arrêt, la quiétude et la sérénité devront
prendre le pas sur les célébrations animées et les grands rassemblements
familiaux.

Peut-être est-ce l’occasion de reprendre contact avec le
sens profond de ces festivités… Au fil des siècles, la fête de Noël, par
exemple, s’est muée en une véritable frénésie commerciale, au point où on en a
peut-être oublié l’origine et la signification. Au-delà de nos croyances
respectives, je considère que cette fête rappelle qu’indépendamment de notre
statut, de nos moyens financiers ou de notre chance à la loterie de la vie,
nous sommes toutes et tous humains. Il s’agit, à mes yeux, d’une ode à la
fraternité, par-delà nos différences; d’une célébration de la magie entourant
la naissance; de l’espoir que la lumière triomphe des ténèbres. Dans ce même
esprit, la fête du Nouvel An constitue un rite de passage, le fait de tourner
une page sur un chapitre de notre propre vie et de l’histoire de l’humanité,
afin d’en amorcer un autre à partir d’une page blanche, symbole de tous les
possibles.

Et, plus que jamais, durant la présente crise sanitaire, ces
valeurs et significations revêtent-elles un caractère absolument fondamental.
Toutes les nations, indépendamment de leur importance et de leur puissance, ont
révélé leur grande vulnérabilité face à ce virus implacable, qui a fait
ressortir notre humanité, notre fraternité, notre solidarité. Et nous
entretenons toujours l’espoir, au tournant de cette année, de nous extirper
enfin de cette période sombre, alors que nous entreprendrons la prochaine en
l’imaginant porteuse d’un avenir plus radieux.

Conséquemment, nous nous préparons, malgré les restrictions,
à célébrer, avec notre entourage immédiat, cette période des Fêtes pour le
moins particulière. Il n’en tient qu’à nous de lui donner cette touche de
féérie qui lui sied si bien, car, malgré le froid qui s’est bien installé et
les journées les plus courtes de l’année, la chaleur envahit inexorablement nos
chaumières et la fébrilité des enfants est à son paroxysme. Cette fois encore,
sachons faire preuve de cette créativité ayant maintes fois permis au Québec de
se démarquer. Utilisons ces outils technologiques qui nous sont devenus si
familiers pour nous rapprocher de ces gens pourtant si proches, habituellement,
avec lesquels la situation nous oblige présentement à garder une certaine
distance. Puisque ces Fêtes 2.0 marqueront notre mémoire à jamais, aussi bien
faire en sorte que nous en conservions un souvenir des plus agréables!

Blotissons-nous, avec notre entourage immédiat, autour du
sapin de Noël, qui tire son origine séculaire de légendes populaires et qui
aurait été introduit en Amérique par des colons allemands. Il constitue l’une
de nos plus belles et anciennes traditions, en plus de symboliser l’ouverture
du Québec aux diverses influences culturelles. Aux quatre coins du pays,
justement, puissent ces traditions séculaires, enrichies par la diversité
culturelle qui caractérise le Québec moderne, réchauffer le cœur de l’ensemble
des Québécoises et Québécois. Et que la nouvelle année soit des plus clémentes
pour chacune et chacun de nous. En ces moments heureux marqués par la
solidarité et l’entraide, qui nous permettent d’entretenir l’espoir pour
l’avenir, et ce, tant pour nos proches et notre nation que pour tous les peuples
de la terre, ma conjointe Johanne, ma fille Audrée-Anne et les membres de mon
équipe se joignent à moi pour vous souhaiter un heureux temps des Fêtes vous
gratifiant à profusion de santé, de bonheur et de prospérité.

Joyeux Noël et bonne année à toutes et à tous!

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Le retour de la décence…

Novembre 2020

Je sais que toute comparaison, par définition, est toujours boiteuse et je sais donc que celle que je m’apprête à faire en scandalisera plusieurs, mais je n’y peux rien… Lorsque j’ai entendu l’ahurissant discours de Donald Trump, au lendemain de l’élection présidentielle américaine, dans lequel il dénonçait de chimériques fraudes et se déclarait donc vainqueur, discréditant ainsi l’ensemble du processus électoral américain, que celui-ci ait été mené par des républicains ou des démocrates, souvent même main dans la main, j’ai pensé à… Adolf Hitler!
Constatant que les mouvements de troupes imaginaires qu’il ordonnait ne parviendraient pas à stopper la progression inéluctable des Alliés sur le territoire allemand et qu’aucun miracle de dernière minute ne viendrait, comme dans le cas de Frédéric II, le sortir de sa situation désespérée, Hitler dut en venir à la conclusion que la guerre était perdue. Il avait ordonné la mise en oeuvre d’une politique dite de «la terre brûlée», dont il avait admiré le déploiement implacable par les Soviétiques, pour lesquels il n’éprouvait pourtant que du mépris, ainsi que la destruction des principales infrastructures allemandes, ordre qui fut fort heureusement ignoré par Albert Speer, le grand architecte du Reich et ministre de l’armement.
Hitler décida de demeurer à Berlin et d’y affronter la mort. Il estimait que le peuple allemand ne méritait pas de lui survivre, s’étant montré trop faible pour gagner cette guerre qu’il avait lui-même déclenchée et dont il avait saboté toutes les possibilités de victoire. Il fit cette déclaration ahurissante: «Si la guerre et perdue, peu m’importe que le peuple périsse. Ne comptez pas sur moi pour verser une seule larme, il ne mérite pas mieux.»
«Après moi le déluge»… Cette expression serait née d’une déclaration de Louis XV par laquelle il aurait signifié qu’il se préoccupait de ce qui allait survenir durant le règne de son successeur, Louis XVI, comme de sa dernière chaussette. On connaît la suite… C’est ce même esprit qui animait Hitler dans les derniers jours de son empire, qui devait durer mille ans, et c’est ce qui semble animer Donald Trump depuis que la perspective de sa défaite s’est imposée à tous…
Rompant avec la tradition, il refuse de concéder élégamment le pouvoir à son successeur, allant même, sous le regard tétanisé d’une nation profondément divisée, jusqu’à mettre en doute, et ce, sans la moindre preuve tangible, la validité du processus électoral américain, risquant, par le fait même, de le mettre à mal. Mais il n’en a cure, puisque l’important, c’est lui, aurait-il pu déclarer, tel un Louis XIV des temps modernes.
Durant toute sa carrière, Donald Trump n’aura eu de cesse d’imputer aux autres ses échecs et de leur en faire payer le prix, affichant un ostensible dégoût pour les «loosers» (perdants). C’est ainsi qu’il a même raillé ce grand républicain et ancien combattant que fut le regretté sénateur de l’Arizona, John McCain (qui, de l’au-delà, semble avoir pris une ironique revanche…), sous prétexte qu’il avait été fait prisonnier (un vrai soldat, selon Trump, ne peut se faire prendre), omettant d’ajouter que lui-même n’avait jamais même porté l’uniforme… Il ne peut tout simplement admettre, à la face du monde, qu’il est lui-même un «looser» (même s’il n’y a fondamentalement aucune honte, en démocratie, au fait de perdre une élection).
Il applique donc une politique de la «terre brûlée». Peu lui chaut que cette stratégie ait des effets pervers à long terme. À moins qu’il ne fomente un coup d’État, rien ne lui épargnera de devoir rendre les clés de la Maison-Blanche à son successeur, Joe Biden, dont il aura néanmoins délibérément miné la présidence en distillant le doute sur sa légitimité. Mais le plus grave est probablement le discrédit qu’il aura jeté sur le processus électoral américain, dont les effets pourraient bien se faire sentir bien au-delà de la présidence de Joe Biden, puisqu’il aura conforté tous ces complotistes qui s’en montraient déjà méfiants et fait de nouveaux adeptes.
La tâche sera donc colossale pour le président Biden, qui devra tenter de réconcilier une nation profondément divisée, après quatre années exténuantes de Trumpisme. Dans son discours d’acceptation, le 7 novembre dernier, le président désigné a déclaré que son élection inaugurait le retour de la vérité, de la science, de l’apaisement et de la décence. Après quatre ans d’imprévisibilité, de sautes d’humeur, de mensonges, de défiance, d’insultes et de moqueries, alors que cette ère s’achève sur une pandémie meurtrière, il est plus que temps, en effet, de revenir à une certaine décence.

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Salut Suzanne!

27 septembre 2020

Je me souviens du premier caucus suivant le triomphe de 1993 ayant fait du Bloc Québécois, fort de ses 54 députéEs, la «très loyale opposition officielle de Sa Majesté» au Parlement du Canada (illustrant par le fait même le caractère pour le moins particulier de ce pays). C’est la première fois que je voyais celle qui allait devenir davantage qu’une simple collègue pour moi,
Suzanne Tremblay.

À voir la bouille sympathique de ce petit bout de femme forte en gueule, je me doutais bien que ça allait déménager…

Et pour déménager, ça déménageait! Fonceuse, directe, éloquente, sans compromis, Suzanne pouvait se révéler, tout dépendant des situations, la plus fidèle alliée ou l’adversaire la plus coriace. C’était vrai pour les collègues des autres formations politiques, mais c’était aussi vrai pour les débats à l’interne. Respectée, crainte, raillée, Suzanne s’est rapidement démarquée, devenant un point d’intérêt pour les journalistes parlementaires, qui savaient pertinemment qu’ils auraient sans doute droit, à chacune de ses déclarations, à une formule-choc dont elle avait le secret.

Elle faisait littéralement figure de boutefeu avec ses affirmations explosives ayant valeur de diktats sans appel sur la laideur de Hull ou la condamnation inéluctable à la disparition des Canadiens français. Mais au-delà de ce côté spectaculaire, Suzanne était une femme simple, sensible, rieuse et fort agréable. Que de discussions philosophiques sur le sens de la vie ou de fous rires nous avons eus ensemble!
Je me souviens de ces jours tumultueux au cours desquels, en l’absence de Michel Gauthier, qui avait dû quitter pendant quelques jours pour des raisons de santé, elle, à titre de leader adjointe, et moi, à titre de whip en chef du Bloc Québécois, avions littéralement fait la pluie et le beau temps à la Chambre des communes, à tel point que les libéraux s’étaient mis à espérer le retour de notre leader parlementaire en titre pour retrouver un peu de calme!

J’ai reçu l’annonce de son départ de la vie politique comme un véritable coup de poing. J’avais peine à imaginer notre aile parlementaire sans elle. C’était bien égoïste de ma part, puisqu’après une carrière bien remplie et des plus fructueuses, elle avait assurément droit à un repos bien mérité (qu’elle n’a jamais vraiment pris, somme toute, puisqu’elle a continué à se faire remarquer par son engagement social et communautaire exemplaire, de même que par ses coups de gueules et prises de positions toujours aussi surprenants). Nous en avons longuement discuté, mais jamais n’a-t-elle alors évoqué ses problèmes de santé, dont je n’ai été informé qu’après-coup…
Nous nous sommes retrouvés à quelques reprises par la suite, notamment lorsqu’à l’invitation de mon collègue Harold LeBel, je suis me suis rendu à Rimouski à deux reprises pour donner une conférence sur L’Autre 150e . Après ma nomination à titre de secrétaire général du Cégep de Rimouski, je m’attendais à ce que nous nous revoyions plus souvent. Ce ne fut pas le cas… Plusieurs semaines après mon arrivée à Rimouski, Suzanne m’a transmis un courriel dans lequel elle se disait ravie de ma nomination, s’excusait de n’avoir pas donné de nouvelles plus tôt, en raison de «problèmes de santé», et m’enjoignait de lui faire part de mes disponibilités, afin que nous puissions casser la croûte ensemble, comme dans le bon vieux temps. Je me suis alors empressé de lui répondre, message qui est resté lettre morte jusqu’à aujourd’hui… Je ne puis que présumer que ses «problèmes de santé» avaient repris le dessus avec le résultat inéluctable qu’on connaît maintenant…

J’ai tardé à écrire ce texte… Je ne savais pas par où commencer; ça me bouleversait trop. Encore une fois, j’ai peine à imaginer le Québec sans Suzanne, sans ses interventions aussi colorées qu’imprévisibles. Une voix forte, tonitruante, s’est tue; une page s’est tournée… J’adresse mes plus sincères condoléances à ta conjointe, Lucie, de même qu’à tes proches, et je te salue, chère Suzanne.

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«Comment fait-on pour dénoncer quelque chose sans le montrer?»

18 septembre 2020

C’est cette question lancinante qui a été posée, le 9 septembre dernier, dans le cadre du segment «La bande des 4» de l’émission «Pénélope» diffusée sur les ondes de ICI Première, alors que Marc Cassivi faisait état de la controverse qui fait rage aux États-Unis au sujet de l’affiche promotionnelle initialement mise en ligne par Netflix au sujet du film Mignonnes.
Pour plus de détails, je vous invite à prendre connaissance de l’article ci-joint signé par M. Cassivi, le 14 septembre dernier, dans La Presse, mais, en gros, ce dont il est question, ici, c’est de la réaction épidermique de tous ces bien-pensants, qui, chez nos voisins du Sud, sont montés aux barricades pour dénoncer cette affiche montrant des jeunes filles prépubères arborant des tenues suggestives, et ce, souvent sans même avoir vu le film, qui constitue, en quelque sorte, une dénonciation de ce qui constituerait les «deux côtés d’une même pièce déterminée par les injonctions de l’homme; obéir ou plaire, mais toujours, peu importe l’âge, se soumettre aux diktats du patriarcat».

Toujours selon M. Cassivi, «ce que cette polémique met surtout en lumière, c’est l’hypocrisie américaine. Royaume des puritains et de la pornographie juvénile, du God Bless America chanté dans les concours de beauté pour fillettes de 6 ans, où les adeptes de la théorie du complot QAnon, convaincus que l’élite progressiste est gangrenée par la pédophilie, votent pour Donald Trump, qui aimait se rincer l’œil en coulisses pendant que les concurrentes de Miss Teen USA enlevaient leur bikini»…

Ne voulant porter le moindre jugement sans avoir visionné le film, je l’ai donc commencé, la fin de semaine dernière. Je dis «commencé», puisque je ne l’ai pas terminé, à la fois par lassitude devant la langueur de l’intrigue, mais aussi parce que je trouvais insoutenable de voir l’état d’assujettissement dans lequel les femmes et fillettes y sont maintenues. Or, rien de tout cela n’est fictif; «seuls les noms ont été modifiés», pour reprendre la formule consacrée. Touché! En ce qui me concerne, le fait de «montrer» ce que la réalisatrice voulait dénoncer a parfaitement atteint sa cible…

Vous me permettrez d’effectuer un parallèle avec une autre oeuvre artistique faisant l’objet d’une vive controverse, qui, comme vous le savez sans doute, me préoccupe au plus haut point, «Hansel et Gretel», de l’auteur Yvan Godbout Perso, publiée aux Éditions AdA. Cette affaire a pris naissance à la suite d’une plainte à la police déposée par une lectrice outrée par le fait que l’auteur décrit, dans ce livre, les sévices (notamment sexuels» dont sont victimes deux enfants. Les descriptions controversées sont brèves et ne sont absolument pas complaisantes, l’auteur décrivant l’abuseur en des termes fort peu flatteurs et lui réservant un sort peu enviable (désolé d’avoir dû jouer les divulgâcheurs…). Ces descriptions apparaissent capitales pour définir la psychologie des personnages, ainsi que la suite de l’intrigue.

Et l’intention de l’auteur était manifestement de dénoncer de tels comportements. On en revient donc à la question de départ: «Comment fait-on pour dénoncer quelque chose sans le montrer?»… La dame outrée par les passages un tant soit peu explicites de cet ouvrage aurait pu faire comme je l’ai fait avec le film «Mignonnes», c’est-à-dire fermer le livre et ne jamais en reprendre la lecture. Elle semble plutôt avoir choisi de poursuivre sa lecture jusqu’au bout, histoire de dénicher les passages présumément «croustillants» visant à étayer sa plainte à la police… Hypocrisie?

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Interventions de Stéphane Bergeron en Chambre des communes

Les singes savants…

14 août 2020

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le signaler sur cette page («L’insoutenable tentation de l’ignoble Règlement 17», le 16 juillet dernier, et «Tendre l’autre joue…», le 5 juillet dernier), toutes les provinces du Canada ont déployé des efforts considérables, à un moment ou l’autre de l’histoire, pour tenter de restreindre les droits linguistiques des francophones habitant sur leur territoire, ce qui a amorcé un lent et, semble-t-il, inexorable, processus d’assimilation…

Plusieurs personnes pensent que le Québec est en mesure de résister à l’anglicisation. Elles se disent que, puisque les francophones représentent 80% de la population du Québec, ils constituent une masse critique devant garantir la pérennité de la langue de Molière sur le territoire. C’est vite oublier que les francophones ont déjà constitué une importante majorité au Manitoba, où ils ne représentent plus qu’à peine 4% de la population. On me rétorquera que le Manitoba, au 20e siècle, a progressivement restreint les droits linguistiques des francophones et fait l’objet d’une immigration massive, tandis que le Québec s’est doté d’une législation, la «Loi 101», destinée à y assurer la pérennité du fait français. D’autres clones de Justin Trudeau me rétorqueront que je ressasse de «vieilles chicanes» et que le Canada d’aujourd’hui est bien différent de celui d’autrefois…

Et pourtant, un rapport de l’Office québécois de la langue française nous apprenait récemment qu’en dépit des dispositions de la Loi 101, 40 % des entreprises au Québec (63 % à Montréal) exigeaient des compétences dans la langue de Shakespeare ou les considéraient comme un atout. Certaines entreprises vont jusqu’à privilégier l’anglais pour leurs communications internes au Québec! Et même dans le monde municipal, ce type d’exigence est devenue monnaie courante. C’est ainsi que 24% des villes québécoises (50% à Montréal) demandaient des aptitudes en anglais, contrevenant ainsi aux articles de la Charte de la langue française portant sur la langue de travail. On ne parle pas ici de la situation prévalant dans les années cinquante, mais de ce qui se passe aujourd’hui même au Québec!

D’aucuns m’objecteront encore que la connaissance d’une langue constitue une richesse, une clé donnant accès à toute l’étendue d’une culture. Sur ce point je suis d’accord (je suis moi-même tout à fait fonctionnel en anglais, en plus d’avoir certaines notions de base en allemand et en espagnol), mais à une nuance capitale près, que je laisserai le linguiste Paul Daoust exprimer plus clairement que je n’aurais pu le faire moi-même: «Si le bilinguisme individuel est une immense richesse, le bilinguisme collectif, pour une minorité politique, est un poison mortel. Ce bilinguisme n’existe que le temps de laisser la minorité rejoindre la majorité» ou, comme il le disait aussi «Le moyen le plus intelligemment efficace de faire disparaître une langue est de rendre les locuteurs minoritaires bilingues»… Or, la seule langue officielle minoritaire, au Canada, c’est le français…

Je me souviendrai toujours de cette assemblée générale annuelle de la Federation des communautes francophones et acadienne du Canada tenue, il y a quelques années, à l’Île-du-Prince-Édouard, à laquelle j’assistais et au cours de laquelle on avait donné la parole au très libéral Stéphane Dion, qui s‘était alors livré à une fervente apologie du bilinguisme et qui s’était fait dire, sans ménagement, que le bilinguisme constituait le premier pas vers l’assimilation.

Pourtant, il s’en trouve encore pour penser que, sans l’anglais, la nouvelle lingua franca, point de salut et que le français constitue, au mieux, une langue régionale ou, au pire, une langue en voie de disparition. C’est oublier, encore une fois, que le français est la seule autre langue parlée sur tous les continents de la terre; qu’il s’agit de l’une des deux langues de travail de l’ONU; et celle qui connaîtra la croissance la plus importante, à l’échelle mondiale, au cours des cinquante prochaines années.

D’autres — souvent les mêmes — fiers d’avoir dépassé le maître, exhibent ostensiblement leur bilinguisme comme on le ferait d’un trophée, se comportant ainsi comme de véritables singes savants, c’est-à-dire des individus dressés à réaliser des tours sans vraiment comprendre ce qu’ils font; dans ce cas précis, servir de vecteurs à l’anglicisation de leur communauté. Le conquérant doit vraiment rire dans sa barbe…

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Le poison de la rumeur (2)…

20 juillet 2020

J’ai été très affecté par les allégations dont Yves-François Blanchet a bien malgré lui fait l’objet. C’est qu’il y a plus de deux ans que je me débats contre ce que j’ai appelé, hier, «le poison de la rumeur»…

Au printemps 2018, en effet, dans le cadre de l’étude des crédits du ministère de la Sécurité publique du Québec, j’ai interrogé celui qui occupait alors les fonctions de directeur général par intérim de la Sûreté du Québec, Yves Morency, au sujet d’une enquête instituée à la suite d’une plainte au sujet d’un roman, «Hansel et Gretel», publié aux Éditions AdA, ayant pignon sur rue dans la circonscription de Verchères, que je représentais alors à l’Assemblée nationale. On y décrit, dans les passages controversés, les sévices que l’un des personnages faisait subir aux deux enfants qui sont au cœurs de l’intrigue (dont l’une ayant subi un viol). L’auteur, Yvan Godbout, et sa maison d’édition ayant déjà dû composer avec les fâcheux effets de cette enquête, il était à souhaiter que l’histoire s’arrête là. D’ailleurs, les propos de M. Morency, qui avait notamment déclaré que ce n’était pas sous sa direction que la Sûreté du Québec allait ouvrir la porte à la censure, laissaient présager que le dossier serait effectivement fermé. On n’allait assurément pas revenir à la période de la «grande noirceur», au cours de laquelle des livres étaient mis à l’index!

Or, contre toute attente, des accusations furent finalement portées contre M. Godbout et le directeur des Éditions AdA, Nycolas Doucet, quelqu’un, quelque part, ayant manifestement jugé qu’il était impératif que le tribunal statue sur une disposition du Code criminel portant sur la «pornographie juvénile» — rien de moins! — quitte à ce que les principaux intéressés soient, de ce fait, marqués à tout jamais de l’épithète infamante de «pédophilie». Comment ne pas se scandaliser de voir l’État déployer sa toute puissance contre un malheureux auteur de romans d’épouvante et une maison d’édition bien de chez nous simplement pour faire valoir un point de droit, risquant, de ce fait, de brider irrémédiablement la liberté d’expression et la liberté artistique! Et même si l’État devait — comme on peut s’y attendre — être débouté devant la cour, le/la/les fonctionnaire(s) ayant pris cette décision continuera/continueront leur petit bonhomme de chemin jusqu’à leur retraite, au cours de laquelle il(s)/elle(s) coulera/couleront des jours heureux sans se soucier le moins du monde des vies qu’il(s)/elle(s) aura/auront brisées, de la cinquantaine d’emplois dont il(s)/elle(s) aura/auront occasionné la perte, du sort d’une entreprise qu’il(s)/elle(s) aura/auront sérieusement mis en péril et des économies d’une vie que l’auteur et le fondateur de cette entreprises québécoise auront dû engloutir pour assurer leur défense et tenter de laver leur réputation injustement ternie.

Il est préoccupant, sinon révoltant, de voir la réputation de Yves-François Blanchet être entachée par une déclaration anonyme diffusée dans les médias sociaux. Mais comment qualifier le fait que l’État se permette d’investir de l’argent, du temps et des ressources, allant même jusqu’à recourir à des procédures extraordinaires pour éviter que sa cause ne meure dans l’œuf, ruinant ainsi la vie d’honnêtes citoyens, alors que de véritables victimes continuent de souffrir seules dans l’espoir qu’on les sorte enfin de leur enfer? Chose certaine, l’État n’a décidément pas les priorités à la bonne place…

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Le poison de la rumeur…

19 juillet 2020

Un ami me rappelait récemment un passage marquant de l’excellent film «Doute», écrit et réalisé par John Patrick Shanley, mettant en vedette la formidable Meryl Streep, le talentueux et regretté Philip Seymour Hoffman, ainsi que les tout aussi remarquables Amy Adams et Viola Davis… Si vous n’avez jamais vu ce film, sorti en salle en 2008, je vous le recommande chaleureusement.

L’histoire oppose, dans les années soixante, un prête catholique, le père Brendan Flynn (Philip Seymour Hoffman), à la directrice d’une école des soeurs de la Charité située dans cette paroisse du Bronx, soeur Aloysius (Meryl Streep). Soeur Aloysius soupçonne le père Flynn d’avoir jeté son dévolu sur un jeune élève et cherche donc à obtenir son remplacement dans la paroisse. Sans vouloir jouer les divulgâcheurs, disons simplement que le scénario est habilement ficelé de telle sorte que les éléments incriminant le père Flynn et ceux l’innocentant amènent le spectateur à se faire sa propre opinion, quand ils n’ont tout simplement pas pour effet d’entretenir le doute dans son esprit (d’où le titre du film, dont on a tiré une pièce de théâtre qui fut notamment présentée chez Théâtre Duceppe, il y a quelques années)… Même soeur Aloysius conclut sa lutte à finir avec le père Flynn en admettant finalement à l’une de ses collègues, soeur James (Amy Adams), qu’un terrible doute continue de la tenailler à propos de ce qui a bien pu se passer (ou ne jamais se passer) entre le père Flynn et le jeune élève…

Ce film vaut à coup sûr le détour, mais l’élément sur lequel j’insiste aujourd’hui, c’est un sermon que prononce le père Flynn en chaire. «Une femme colportait des rumeurs à une amie au sujet d’un homme qu’elle connaissait à peine», de raconter le père Flynn. «Ai-je fait quelque chose de mal?», demande la colporteuse à son confesseur. «Oui», déclare le confesseur; «vous avez fait un faux témoignage contre votre voisin, vous avez été déloyale et malhonnête envers sa réputation et vous devriez mourir de honte d’avoir fait une chose pareille»… La femme dit qu’elle était désolée et demanda à être pardonnée. «Pas si vite», de lui rétorquer son confesseur; «je veux que vous rentriez chez vous, que vous apportiez un oreiller sur votre toit, que vous l’éventriez de la pointe d’un couteau et qu’ensuite vous reveniez me voir». La colporteuse s’exécute, monte sur le toit de sa maison, éventre l’oreiller, puis retourne voir son confesseur. «Quel fut le résultat?», lui demanda-t-il. «Des plumes, des plumes partout», lui répondit-elle. «Je veux que vous y retourniez», lui ordonna-t-il, «et que vous ramassiez une à une toutes les plumes qui se sont envolées». «Mais c’est impossible», dit-elle; «j’ignore où elles s’en sont allées, le vent les a emportées au loin». «Et ça» déclara son confesseur, «c’est la rumeur»…

Une fois distillé, fut-ce (j’irais jusqu’à dire surtout si c’est fait) de façon parcimonieuse, le poison de la rumeur ne cesse de se répandre comme une traînée de poudre et de s’insinuer dans les esprits, même les mieux disposés et bien intentionnés. Ce genre de déclarations anonymes nuit aux réelles victimes de harcèlement et d’agression sexuelle, qui doivent rassembler tout leur courage pour révéler ce qu’elles ont subi et dénoncer les vils individus qui ont eu ces comportements condamnables à leur endroit. La personne qui, de façon totalement anonyme, a fait des allégations contre Yves-François Blanchet Bloc québécois sur les médias sociaux peut bien prétendre qu’elle ne savait pas qui il était, mais elle savait très bien ce qu’elle faisait en procédant de la sorte…

Jusqu’à présent, les personnalités publiques étaient confrontées à ce que leur vie privée soit étalée sur la place publique. En cette ère de protection que confère l’anonymat à tous ceux qui rêvent de régler des comptes et de dire ce qu’ils ne pourraient jamais se permettre de dire en devant en porter personnellement la responsabilité, elles sont désormais toutes susceptibles de subir l’avanie à laquelle est maintenant confronté le chef du Bloc Québécois… Est-ce le genre de société dans laquelle nous voulons véritablement vivre? Si oui, l’avenir de notre démocratie est vraiment menacé… Dans un tel contexte, les gens de qualité ne se bousculeront pas au portillon pour embrasser une carrière publique et ainsi risquer de voir leur vie empoisonnée par des gens mal intentionnés…

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L’insoutenable tentation de l’ignoble Règlement 17…

16 juillet 2020

Durant la crise sanitaire, nous avons appris avec stupéfaction que le gouvernement fédéral avait autorisé l’emploi d’une seule langue (l’anglais, bien évidemment) pour l’étiquetage des produits de sécurité (masques, gants, gel désinfectant, etc.). On invoquait l’«urgence» de la situation pour justifier cet accroc inadmissible à la Loi fédérale sur les langues officielles. Comme s’il n’était pas nécessaire, pour les francophones, de bien comprendre les informations apparaissant sur ces produits. Réflexe tout à fait normal de la part de gens qui semblent penser qu’il est tout naturel, dans ce pays, de bien connaître la langue de Shakespeare… Imaginez le tollé si la seule langue autorisée sur des produits de sécurité distribués en Alberta ou en Saskatchewan avait été celle de Molière!

Invoquant cette fois la pénurie d’enseignants de français découlant apparemment de la pandémie de #COVID19, le conseil scolaire de Toronto envisage le plus sérieusement du monde d’annuler les cours de français et les classes d’immersion pour la rentrée de septembre… Quoi, la maladie aurait fait davantage de victimes, en Ontario, chez les enseignants de français!?! Comme quoi le ridicule ne tue pas, lorsque vient le temps de rogner encore davantage sur la place du français dans ce pays soi-disant bilingue… Et cela survient à peine quelques jours après que les parents franco-colombiens aient simplement obtenu pour leurs enfants, au terme d’une interminable guérilla judiciaire, le droit à une éducation d’une qualité équivalente à celle des enfants anglophones. Comme quoi rien n’est acquis à jamais pour les francophones de ce pays ayant apparemment deux langues officielles…

Dans un texte que je publiais récemment sur cette page («Tendre l’autre joue…», le 5 juillet denier), je rappelais qu’à peu de choses près, toutes les provinces du Canada ont tenté, à un moment ou un autre, de restreindre les droits des francophones, voire d’éradiquer la présence du fait français sur leur territoire (et certaines y sont d’ailleurs presque parvenues). C’est notamment ce que fit l’Ontario, en 1912, par l’adoption de l’inique Règlement 17, par lequel on interdisait l’usage du français «comme langue d’enseignement et de communication», règlement qui ne fut abrogé qu’en 1927, condamnant la presque totalité d’une génération entière à l’assimilation, n’eut été de la détermination des parents et de l’ensemble des communautés francophones, qui y ont opposé une sourde résistance (rappelons, par exemple, l’héroïque et pittoresque «bataille des épingles à chapeaux» de 1916, alors que des religieuses, institutrices et mères de famille ont, pendant quelques heures, protégé l’école Guigues d’Ottawa contre l’intervention des policiers, appelés en renfort pour faire appliquer le règlement, en se servant notamment de leurs épingles à chapeau!).

La mesure cette fois envisagée par le conseil scolaire de Toronto n’affectera pas que les francophones de la Ville-Reine, mais tous les anglophones de la métropole canadienne qui croient sincèrement à cette chimère d’un Canada bilingue. En fait, cela démontre on ne peu plus clairement que ce pays compte effectivement deux langues officielles: l’anglais et le bilingue (pour les francophones), point!

Le Conseil scolaire public anglais de Toronto envisage d’abolir tous les cours de français et d’immersion au primaire.

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7e «anniversaire» de la tragédie de Lac-Mégantic;

6 juillet 2020

Quelles leçons avons-nous tirées de ce funeste événement?

Dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013, la paisible communauté de Lac-Mégantic était victime de la pire tragédie ferroviaire qu’ait connue le Québec. Plusieurs dizaines de wagons-citernes mal immobilisés se sont emballés sur la pente descendante menant à Lac-Mégantic, ont déraillé et explosé, détruisant une partie du centre-ville de la municipalité, causant la mort de 47 personnes, nécessitant l’évacuation de quelque 2000 autres, contaminant sérieusement la rivière Chaudière et endeuillant à tout jamais la communauté méganticoise, qui fait preuve, depuis, d’une résilience forçant l’admiration.

Au moment de cette catastrophe, j’étais ministre de la Sécurité publique du Québec et cette date restera marquée dans ma mémoire à tout jamais! Je me souviens avoir dit, après la visite des lieux, que c’était un drame inimaginable, une scène de dévastation, le genre de scène qu’on ne voit que dans les films. Je partage avec le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet Bloc québécois, qui était alors ministre de l’Environnement du Québec, d’avoir été en première ligne, dans les jours, les semaines et les mois qui ont suivi, pour soutenir la population de la Ville Lac-Mégantic, procéder à la décontamination des lieux et à la reconstruction du centre-ville, nous employer à faire déplacer la voie ferrée et tirer les leçons de ce funeste accident, afin qu’une telle tragédie ne puisse jamais se reproduire.

Mais quelles leçons avons-nous tirées de la tragédie de Lac-Mégantic? La voie ferrée se trouve toujours au centre-ville, tel un rappel traumatisant de ces sinistres événements, son déplacement est sans cesse repoussé et les rails, en amont, demeurent mal entretenus. D’ailleurs, un avis de Transport Canada remis au Canadien Pacifique en mai 2019 dévoilait, entre autres, que depuis 2015 jamais le nombre de rails défectueux n’avait été aussi élevé. Et alors que de nombreuses communautés sont toujours traversées par des voies ferrées, dont trois des quatre localités que je représente désormais à la Chambre des communes, il convient de s’interroger sur les changements qui ont été apportés, depuis, afin d’assurer la sécurité de la population.

Il ne suffit pas, pour le gouvernement fédéral, de répéter ad nauseam, qu’il comprend l’inquiétude des gens. Le ministre libéral des Transports, Marc Garneau, semble particulièrement doué pour se dire préoccupé, comme on l’a vu dans le dossier du remboursement des vols annulés par les compagnies aériennes, mais vient un temps où les paroles rassurantes ne suffisent plus et que des gestes concrets sont nécessaires. Qu’attend le ministre pour agir? Une autre tragédie? S’il pouvait voir ne serait-ce qu’une infime partie des images qui sont gravées dans ma mémoire à tout jamais, à la suite du 6 juillet 2013, jamais il ne laisserait ce dossier dormir sur les rails…

Ayant vécu cette expérience extrêmement intense et fort de celle de mon prédécesseur bloquiste, l’actuel maire de Saint-Basile-le-Grand, M. Yves Lessard, j’ai pris un certain nombre d’engagements, au cours de la campagne électorale, en termes de sécurité du transport ferroviaire. J’entends tenir parole. Je le dois aux gens de Lac-Mégantic; celles et ceux qui ont perdu la vie, le 6 juillet 2013, ainsi que celles et ceux qui doivent en porter le deuil, mais aussi aux citoyennes et citoyens de la circonscription fédérale de Montarville qui vivent à proximité d’une voie ferrée.

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Tendre l’autre joue…

5 juillet 2020

Dans la foulée de l’adoption de la Charte de la langue française, en 1977, le Canada anglais se déchaîna contre les membres du gouvernement Lévesque et plus particulièrement contre celui qu’on considère comme le «père de la Loi 101», le regretté Camille Laurin, qui fut odieusement caricaturé en Joseph Goebbels. Par la suite, d’autres ténors souverainistes se virent réserver un sort tout aussi peu enviable… Louise Beaudoin fut pour sa part dépeinte en Ilsa la louve des SS, puis Jacques Parizeau et Lucien Bouchard comparés à Hitler, rien de moins!

S’il avait fallu que quiconque, au Québec, ait pu dire ou faire une chose pareille par rapport à un politicien canadien anglais, on aurait sonné l’hallali et on l’aurait voué aux gémonies pour l’éternité! On l’aurait probablement traité… de raciste! Auparavant, même les très fédéralistes Jean-Jacques Bertrand et Robert Bourassa avaient aussi dû subir les foudres des anglophones du Québec et du Canada pour avoir institué le mouvement visant à faire du français la langue officielle du Québec. Le Canada anglais, qui, dans la foulée du tristement célèbre Lord Durham, avait multiplié les efforts pour tenter d’éradiquer le fait français dans chacune des provinces, ne tolérait tout simplement pas que la langue des vaincus puisse avoir préséance sur celle du conquérant en un quelconque lieu de ce pays.

Et puisqu’il a été question de Lord Durham, rappelons, pour mémoire, ce que ce triste sire écrivait dans son rapport, qui a été publié en 1839, dans la foulée de l’enquête qu’il a menée sur le territoire du Bas-Canada, à la suite des rébellions patriotes de 1837-1838… Il disait des «Canadiens-français» qu’il s’agissait d’un «peuple ignare, apathique et rétrograde. […] Ces gens s’accrochèrent aux anciens préjugés, aux anciennes coutumes, aux anciennes lois, non à cause d’un fort sentiment de leurs heureux effets, mais avec cette ténacité irrationnelle d’un peuple mal éduqué et stationnaire. La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais; et toute autre race que la race britannique […] y apparaît dans un état d’infériorité. C’est pour les tirer de cette infériorité que je désire donner aux Canadiens notre caractère britannique. On ne peut guère concevoir nationalité plus dépourvue de tout ce qui peut vivifier et élever un peuple que les descendants des Français dans le Bas-Canada, du fait qu’ils ont conservé leur langue et leurs coutumes particulières. Ils sont un peuple sans histoire et sans littérature. […] Je crois que la tranquillité ne peut être rétablie qu’à condition d’assujettir la province à la domination vigoureuse d’une majorité anglaise»… Pour plusieurs, l’objectif n’est donc pas «mal intentionné», puisque c’est rien de moins que pour notre bien qu’il faudrait s’angliciser… et certains, ici, vont même jusqu’à dire merci!

En 1989, le premier ministre québécois, Robert Bourassa, revenu au pouvoir, devait à nouveau soulever l’ire du Canada anglais en recourant pour la première fois, depuis le gouvernement Lévesque, à la «clause nonobstant» pour assurer la «nette prédominance» du français dans l’affichage commercial. Il réagissait ainsi au jugement de la cour suprême qui invalidait les dispositions de la Loi 101 sur le français comme langue d’affichage. Rappelons que cette clause dérogatoire avait été introduite, à la demande des provinces, dans la constitution canadienne par le père de l’actuel premier ministre fédéral dans le cadre du processus de rapatriement de celle-ci, au début des années quatre-vingt. Outrés de voir les «droits» de la communauté anglophone du Québec être ainsi «bafoués», les orangistes canadiens, notamment mobilisés au sein de l’Alliance for the Preservation of English in Canada (APEC), un groupe qui lutte pour la suprématie de l’anglais au Canada, ont été à l’origine de gestes aussi spectaculaires qu’offensants. Au plus fort de la crise, le fleurdelisé fut outrageusement foulé aux pieds à Brockville, en Ontario, le 6 septembre 1989. Toute cette controverse allait provoquer la mort de l’Accord du Lac Meech, par lequel le Québec devait être réintégré dans le giron constitutionnel canadien «dans l’honneur et l’enthousiasme». Plus de 30 ans plus tard, il en est toujours exclu…

Cela dit, de prétendre, voire même de seulement penser, que l’anglais puisse être le moindrement en danger en Amérique du Nord relève tout simplement du délire. La vérité, c’est que c’est le statut du français, en Amérique du Nord, qui demeure des plus précaires et qu’à moins de la défendre vigoureusement, cette langue est inexorablement appelée à s’étioler sur le continent, alors qu’elle gagne curieusement en vitalité ailleurs dans le monde…

C’est pourquoi je m’insurge contre cette idée selon laquelle il faille strictement accorder le même statut aux deux langues officielles en situation minoritaire, car la seule langue véritablement minoritaire, au Canada, c’est le français… C’est une chose que même les tribunaux canadiens reconnaissent maintenant! Les anglophones du Québec baignent dans un océan culturel continental au sein duquel il peuvent aisément trouver des référents auxquels ils sont facilement en mesure de s’identifier. Et, tandis qu’on peine à faire enfin advenir le projet d’une université francophone en Ontario, que la survie de Faculté Saint-Jean de la University of Alberta est sérieusement compromise, que les Franco-Colombiens ont dû se battre pendant des années devant les tribunaux simplement pour le droit à une éducation de qualité équivalente à celle des anglophones de la province et que le gouvernement Trudeau, trahissant une autre de ses promesses, sursoit à la modernisation de la Loi sur les langues officielles, le Québec compte, pour une population anglophone pourtant moins nombreuse que la population franco-ontarienne, trois universités et plusieurs collèges post-secondaires de langue anglaise, sans compter un réseau d’établissements de santé et services sociaux dédiés à la minorité anglophone, ainsi que plusieurs médias d’information dans la langue de Shakespeare, ce dont nous devons, avec raison, être très fiers, mais qui ne trouve malheureusement aucun équivalent digne de ce nom au Canada anglais.

Et pourtant, comme on l’a vu récemment, les accusations de «discrimination systémique», voire de xénophobie, sinon carrément de racisme, continuent de pleuvoir sur le Québec — et particulièrement sur le mouvement souverainiste — en provenance du Canada anglais, qui nous a pourtant juré son «amour», la main sur le coeur, à la veille du référendum de 1995. Et, comme si on avait intériorisé ces accusations largement imméritées portées sans cesse contre nous, comme si on avait fini par les croire vraies, à force de se les faire répéter, il s’en trouve, parmi nous, pour se montrer plus virulents encore contre le soi-disant «racisme systémique» dont le Québec serait perclus. Il fut un temps où l’Église nous enseignait de tendre l’autre joue si quelqu’un devait nous frapper. Voilà un autre enseignement que d’aucuns semblent aussi avoir assimilé à l’extrême, puisqu’ils ne tendent plus l’autre joue, ils se frappent eux-mêmes sur les deux! Le conquérant doit bien rire dans sa barbe…

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